Herman Van Springel, « Monsieur » Bordeaux-Paris !

Si le coureur belge Herman Van Springel a marqué l’histoire de cyclisme des années 70 et début des années 80, c’est sans doute grâce à son record inégalé de victoires sur Bordeaux-Paris. Professionnel de 1965 à 1981, il remporta Bordeaux-Paris sept fois en 10 participations (1970, 1974, 1975, 1977, 1978, 1980 et 1981), se classant également deux fois deuxième et une fois troisième. Un record qui lui a valu le surnom de « Monsieur Bordeaux-Paris ». Réservé, modeste, taciturne.

S’il a brillé sur les courses d’un jour, (Tour de Lombardie en 1968, Paris-Tours en 1969, Grand Prix des Nations en 1969 et 1970, Gand-Wevelgem en 1968, Championnat de Zurich 1971…), Van Springel est pourtant le prototype même du vainqueur de grands Tours. Il conjugue des talents de rouleur, des qualités de grimpeur, une régularité et une endurance phénoménale. Un vainqueur en puissance cependant jamais couronné : deuxième du Tour de France 68, deuxième du Tour d’Italie 71 et troisième du Tour d’Espagne 70. Sa plus grande déception reste le Tour de France 1968 car il perd le maillot jaune le dernier jour au profit de Jan Janssen pour 38 secondes, le plus petit écart alors entre les deux premiers (jusqu’en 1989). Vainqueur de cinq étapes individuelles sur le Tour de France, il en a remporté le classement par points en 1973.

En 1974, il faillit être disqualifié de Bordeaux-Paris pour avoir effectué 7 km …de plus. Bordeaux-Paris a toujours été une course qui sortait des sentiers battus. Cette année là, elle est sortie de l’itinéraire officiel… A la suite d’une erreur de parcours entre Chartres et Nogent-le-Roi, Van Springel a failli perdre une épreuve qu’il avait largement dominée. Les commissaires ont en effet appliqué l’article 223 des règlements généraux de la Fédération française de cyclisme, selon lequel le fait de ne pas respecter le tracé prévu entraîne automatiquement la mise hors course.

La mesure prise à l’égard de Van Springel était légale mais contraire au bon sens et parfaitement choquante sur le plan sportif. Au terme d’une échappée solitaire de 270 kilomètres, le coureur flamand avait en effet relégué son suivant immédiat Régis Delépine à quatorze minutes, et Mortensen, classé troisième, à quelque vingt-trois minutes. Il était injuste de le priver d’une victoire techniquement parfaite qu’il a construite avec rigueur, sans rencontrer d’opposition et sans connaître la moindre défaillance. Jacques Goddet, directeur de la course, avait qualifié l’article 223 d’anachronique et Régis Delépine ne s’estimait pas digne de la première place.

Au final, Van Springel fut heureusement déclaré vainqueur.